1.9.44 : « Vers 9h, le pont de Bray sur Somme explose » extrait de l’interview de Mr CARNAT 2009
Cela n’aurait pu être qu’un pont parmi tant d’autres ponts sur un fleuve parmi tant d’autres fleuves. Cependant en Août 1944, ce fleuve tranquille est choisi par les allemands comme symbole de la ligne de défense commandée par le General KITZINGER. Vaste par la longueur, symbolique par la nature de ses défenses, cette ligne ne demeure en fait qu’un symbole, qu’un repère concernant la retraite allemande dans le Nord de France.
En cet fin d’été 1944, l’armée allemande est en déroute et veut se restructurer derrière d’hypothétiques lignes de défenses. La Somme de par sa nature marécageuse à certains points est une zone idéale pour tenter de freiner la fabuleuse vague libératrice venant du SUD.
De ce fait, l’ensemble des ponts sur la Somme sont systématiquement minés dans le cadre de leur destruction après un repli attife derrière la ligne d’eau. Durant les derniers jours de l’occupation, différents points de contrôle allemands sont établis afin de guider les unités vers l’arrière. Dans un premier temps les lourds chars sont mis en sécurité puis les unités qui peuvent encore utiliser leurs véhicules et enfin vient les retardataires à vélo, à charrette offrant un déplorable spectacle de désolation à la population avide de liberté.
En ce premier jour de Septembre, une étrange effervescence agite les allemands encore présents dans Bray sur Somme. Peu après 8h, 2 groupes se forment. L’un prend la direction du pont et le second celle d’Albert afin d’évacuer rapidement la zone.
« Vers 9h, le pont de Bray sur Somme explose » projetant ainsi des blocs de gravats jusque sur le parvis de l’église située pourtant à plusieurs centaines de mètres. Après cette déflagration, les gendarmes restés jusqu’alors neutres sortent les armes et neutralisent les pionniers qui remontaient vers la place faisant ainsi au passage les premiers prisonniers allemands de cette libération.
Au loin, alors que le temps passe lentement se fait entendre un grondement lourd. Un ancien du village mène sa petite fille au sommet d’une des maisons route de Corbie et ainsi remarque une armada gigantesque de blindés arrivant vers Proyart.
Alors que les bruits se rapprochent, c’est un détachement de chars qui vient se présenter devant le pont miraculeusement « plié en deux » et qui peut encore servir à faire passer quelques véhicules légers. Sans plus attendre un témoin de la scène va à la rencontre des américains qui font un ½ tour simultané et se dirige vers les écluses épargnées par les allemands et qui supportent une ancienne voie de chemin de fer. L’occasion est trop belle pour les américains qui utilisent cette voix et libèrent ainsi le village de Bray sur Somme.
Un contexte plus que particulier :
Tout objectif militaire possède un intérêt pour des raisons d’utilisation, de position géographique, etc… Le pont se Bray a été sélectionné par les stratèges américains dans le cadre d’une phase militaire qui les mettaient en retard face aux divisions britanniques qui les flanquaient à leur gauche. Ces derniers avaient effectué une avancée nocturne qui les avait positionnés bien en tête dans la course vers l’objectif stratégique et politique que représente la frontière belge. Le General BROOKS avait promis au Général CORLETT (XIX Corps US) de prendre l’objectif belge avant les britanniques. Pour cette raison, il était vital de prendre un pont sur la Somme et celui de Bray en faisait partie. Si ce pont et cette zone n’avait pas été utilisable, il s’avère que la célèbre division blindée n’aurait sans doute pas été capable de respecter la promesse de BROOKS et ainsi d’arriver en premier en Belgique le 2 Septembre 1944.